Par une nuit brumeuse d’octobre, au cœur d’une forêt reculée près d’un petit village français nommé Rouvre-les-Bois, un homme solitaire nommé Mathieu marchait lentement sur un sentier humide. Ancien garde forestier, il connaissait ces lieux comme sa poche. Ce soir-là, un son étrange l’arrêta net : un gémissement plaintif, presque humain, qui perçait le silence.
En s’approchant prudemment, il découvrit un petit louveteau, tremblant de froid, les yeux baignés de larmes. À ses côtés gisait une grande louve, blessée à la patte, respirant difficilement. L’homme hésita un instant. Les loups étaient rares dans la région, et les gens du village les craignaient. Mais quelque chose, dans le regard de l’animal, le toucha profondément.

Mathieu enveloppa le petit loup dans son manteau et souleva la louve avec douceur. Il les emmena dans sa cabane, à l’orée de la forêt. Il les soigna, leur donna de l’eau et un peu de viande, et resta à leur côté toute la nuit.
Mais au matin… ils avaient disparu. Aucune trace, aucun bruit. Comme s’ils n’avaient jamais été là.
Mathieu retourna au village plus tard dans la journée. Ce qu’il trouva le glaça jusqu’aux os. Les habitants étaient rassemblés sur la place principale, paniqués, certains en pleurs. Sur les murs des maisons, des griffures profondes. Des portes arrachées. Des troupeaux disparus. Et sur la façade de l’église, une phrase gravée dans la pierre :
« Celui qui fait le bien au cœur de la nuit éveillera les forces anciennes. Les autres, eux, devront payer. »
Les villageois parlèrent de bêtes mystérieuses vues dans les ombres, de cris surnaturels entendus à l’aube. Une peur ancienne s’éveillait. Certains accusèrent Mathieu. D’autres chuchotèrent qu’il avait sauvé les esprits protecteurs de la forêt. Une légende renaissait.
Depuis ce jour, la forêt autour du village est restée intacte. Plus aucun arbre n’a été abattu. Plus aucun chasseur n’ose y entrer. Et chaque soir, devant la porte de Mathieu, on trouve une plume blanche, un signe que les gardiens silencieux sont toujours là… et qu’ils n’oublient jamais.