Le cimetière était silencieux, baigné par une lumière grise de fin d’après-midi.
Nous étions quelques-uns à peine — proches, voisins, collègues — rassemblés autour d’une tombe fraîchement creusée.

Celle de Claire Marchal, 38 ans, décédée brutalement dans un accident domestique. Du moins, c’est ce qu’on nous avait dit.
À côté du cercueil, son fils, Éloi, 7 ans à peine. Trop calme. Trop figé.
Il tenait une fleur dans une main, un petit ours en peluche dans l’autre.
Lorsque le prêtre termina la bénédiction, Éloi s’approcha de la pierre tombale.
Il se pencha. Ferma les yeux. Et murmura quelque chose.
Je n’étais pas le seul à avoir entendu.
Sa tante, juste derrière lui, devint livide.
« Ce n’est pas tombé. C’est lui qui l’a poussée. »
Silence total.
Elle s’accroupit, le prit par les épaules.
« Qui ça, Éloi ? De quoi tu parles ? »
Et là, sans ciller, le petit garçon répondit d’une voix claire :
« Papa. Il l’a poussée dans les escaliers. Maman a crié… mais il a fermé la porte. »
On aurait dit que le temps s’était arrêté.
Personne ne parla pendant plusieurs secondes. Puis, lentement, les regards se tournèrent vers l’homme en costume noir, debout à l’écart.
Le mari de Claire.
Il ne bougea pas. Mais son visage avait changé.
L’enquête fut rouverte deux jours plus tard. Et ce qui n’était qu’un tragique accident domestique devint une affaire criminelle.
Grâce à un murmure.
Grâce à un enfant qui, sans le savoir, venait de briser le silence que certains voulaient enterrer avec elle.