La route était droite, vide, noyée dans un épais brouillard d’automne. Il était près de trois heures du matin, et nous revenions d’un tournage dans un village isolé de la région d’Auvergne. Tout le monde dans la voiture était fatigué, presque somnolent.

Jusqu’à ce que les phares illuminent une forme allongée au beau milieu de l’asphalte.
Au début, nous avons cru à un tronc d’arbre, peut-être un meuble tombé d’un camion. Mais en s’approchant lentement, l’impensable est apparu clairement :
Un cercueil. Fermé. En plein milieu de la chaussée.
On s’est arrêtés net. Plus un mot dans la voiture. Un silence coupé uniquement par le bruit du moteur au ralenti.
Personne ne voulait descendre. Mais quelque chose — curiosité, instinct, inconscience peut-être — m’a poussé à ouvrir la portière.
Le cercueil était ancien, en bois foncé, sans ornement, sans nom. Pas scellé.
Pas verrouillé.
Je l’ai ouvert.
Et là, tout a basculé.
Pas de corps.
À la place, des dizaines de polaroïds jaunis. Tous identiques : une silhouette noire, de dos, dans des lieux familiers. Nos lieux. Nos maisons. Nos familles.
Sur l’un des clichés… moi, assis à mon bureau, la nuit. Pris depuis l’extérieur, à travers la fenêtre. J’ai senti mes jambes céder.
Il y avait aussi un dictaphone. Une seule piste audio, datée de deux jours auparavant.
Une voix y murmurait :
« Celui qui ouvre ce cercueil est déjà observé. Et il ne sera plus jamais seul. »
Depuis cette nuit-là, rien n’est revenu à la normale.
Les caméras chez moi s’activent sans raison.
Mon chien refuse d’entrer dans certaines pièces.
Et parfois, en pleine nuit, je sens un souffle sur ma nuque —
…mais il n’y a personne derrière moi.